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Lettre Encyclique 2/2

L’Eglise vit de l’Eucharistie ECCLESIA DE EUCHARISTIA du Souverain Pontifie aux évèques aux prêtres et aux diacres aux personnes consacrées et à tous les fidèles laïcs sur l'eucharistie dans son rapport à l'Eglise.

CHAPITRE IV

L'EUCHARISTIE ET LA COMMUNION ECCLÉSIALE

 

34. En 1985, l'Assemblée extraordinaire du Synode des Évêques a vu dans «  l'ecclésiologie de communion  » l'idée centrale et fondamentale des documents du Concile Vatican II.67 Durant son pèlerinage sur la terre, l'Église est appelée à maintenir et à promouvoir aussi bien la communion avec le Dieu Trinité que la communion entres les fidèles. À cette fin, elle dispose de la Parole et des Sacrements, surtout de l'Eucharistie, dont elle reçoit continuellement «  vie et croissance  » 68 et dans laquelle, en même temps, elle s'exprime elle-même. Ce n'est pas par hasard que le terme communion est devenu l'un des noms spécifiques de ce très grand Sacrement.

L'Eucharistie apparaît donc comme le sommet de tous les Sacrements car elle porte à sa perfection la communion avec Dieu le Père, grâce à l'identification au Fils unique par l'action du Saint-Esprit. Avec une foi pénétrante, l'un des grands auteurs de la tradition byzantine exprimait cette vérité à propos de l'Eucharistie: «  Ainsi ce mystère est parfait, à la différence de tout autre rite, et il conduit à la cime même des biens, puisque là se trouve aussi la fin suprême de tout effort humain. Car c'est Dieu lui-même que nous rencontrons en lui, et Dieu s'unit à nous de l'union la plus parfaite  ».69 C'est précisément pour cela qu'il est opportun de cultiver dans les cœurs le désir constant du Sacrement de l'Eucharistie. C'est ainsi qu'est née la pratique de la «  communion spirituelle  », heureusement répandue depuis des siècles dans l'Église et recommandée par de saints maîtres de vie spirituelle. Sainte Thérèse de Jésus écrivait: «  Lorsque vous ne recevez pas la communion à la Messe que vous entendez, communiez spirituellement, c'est là une méthode très avantageuse [...]; vous imprimerez ainsi en vous un amour profond pour notre Seigneur  ».70

35. Toutefois, la célébration de l'Eucharistie ne peut pas être le point de départ de la communion, qu'elle présuppose comme existante, pour ensuite la consolider et la porter à sa perfection. Le Sacrement exprime ce lien de communion d'une part dans sa dimension invisible qui, dans le Christ, par l'action de l'Esprit Saint, nous lie au Père et entre nous, d'autre part dans sa dimension visible qui implique la communion dans la doctrine des Apôtres, dans les sacrements et dans l'ordre hiérarchique. Le rapport étroit qui existe entre les éléments invisibles et les éléments visibles de la communion ecclésiale est constitutif de l'Église comme Sacrement du salut.71 C'est seulement dans ce contexte qu'il y a la célébration légitime de l'Eucharistie et la véritable participation à ce Sacrement. Il en résulte une exigence intrinsèque à l'Eucharistie: qu'elle soit célébrée dans la communion et, concrètement, dans l'intégrité des conditions requises.

36. La communion invisible, tout en étant par nature toujours en croissance, suppose la vie de la grâce, par laquelle nous sommes rendus «  participants de la nature divine  » (2 P 1, 4), et la pratique des vertus de foi, d'espérance et de charité. En effet, c'est seulement ainsi que s'établit une vraie communion avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit. La foi ne suffit pas; il convient aussi de persévérer dans la grâce sanctifiante et dans la charité, en demeurant au sein de l'Église «  de corps  » et «  de cœur  »; 72 il faut donc, pour le dire avec les paroles de saint Paul, «  la foi opérant par la charité  » (Ga 5, 6).

Le respect de la totalité des liens invisibles est un devoir moral strict pour le chrétien qui veut participer pleinement à l'Eucharistie en communiant au corps et au sang du Christ. Le même Apôtre rappelle ce devoir au fidèle par l'avertissement: «  Que chacun, donc, s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe  » (1 Co 11, 28). Avec toute la force de son éloquence, saint Jean Chrysostome exhortait les fidèles: «  Moi aussi, j'élève la voix, je supplie, je prie et je vous supplie de ne pas vous approcher de cette table sainte avec une conscience souillée et corrompue. Une telle attitude en effet ne s'appellera jamais communion, même si nous recevions mille fois le corps du Seigneur, mais plutôt condamnation, tourment et accroissement des châtiments  ».73

Dans cette même perspective, le Catéchisme de l'Église catholique établit à juste titre: «  Celui qui est conscient d'un péché grave doit recevoir le sacrement de la Réconciliation avant d'accéder à la communion  ».74 Je désire donc redire que demeure et demeurera toujours valable dans l'Église la norme par laquelle le Concile de Trente a appliqué concrètement la sévère admonition de l'Apôtre Paul, en affirmant que, pour une digne réception de l'Eucharistie, «  si quelqu'un est conscient d'être en état de péché mortel, il doit, auparavant, confesser ses péchés  ».75

37. L'Eucharistie et la Pénitence sont deux sacrements intimement liés. Si l'Eucharistie rend présent le Sacrifice rédempteur de la Croix, le perpétuant sacramentellement, cela signifie que, de ce Sacrement, découle une exigence continuelle de conversion, de réponse personnelle à l'exhortation adressée par saint Paul aux chrétiens de Corinthe: «  Au nom du Christ, nous vous le demandons: laissez-vous réconcilier avec Dieu  » (2 Co 5, 20). Si le chrétien a sur la conscience le poids d'un péché grave, l'itinéraire de pénitence, à travers le sacrement de la Réconciliation, devient le passage obligé pour accéder à la pleine participation au Sacrifice eucharistique.

Évidemment, le jugement sur l'état de grâce appartient au seul intéressé, puisqu'il s'agit d'un jugement de conscience. Toutefois, en cas de comportement extérieur gravement, manifestement et durablement contraire à la norme morale, l'Église, dans son souci pastoral du bon ordre communautaire et par respect pour le Sacrement, ne peut pas ne pas sentir concernée. Cette situation de contradiction morale manifeste est traitée par la norme du Code de Droit canonique sur la non-admission à la communion eucharistique de ceux qui «  persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste  ».76

38. La communion ecclésiale, comme je l'ai déjà rappelé, est aussi visible, et elle s'exprime à travers les liens énumérés par le même Concile lorsqu'il enseigne: «  Sont pleinement incorporés à la société qu'est l'Église ceux qui, ayant l'Esprit du Christ, acceptent intégralement son organisation et tous les moyens de salut qui ont été institués en elle et qui, par les liens que constituent la profession de foi, les sacrements, le gouvernement et la communion ecclésiastiques, sont unis, dans l'organisme visible de l'Église, avec le Christ qui la régit par le Souverain Pontife et les évêques  ».77

L'Eucharistie étant la plus haute manifestation sacramentelle de la communion dans l'Église, elle exige d'être célébrée aussi dans un contexte de respect des liens extérieurs de communion. De manière spéciale, parce qu'elle est «  comme la consommation de la vie spirituelle et la fin de tous les sacrements  »,78 elle exige que soient réels les liens de la communion dans les sacrements, particulièrement le Baptême et l'Ordre sacerdotal. Il n'est pas possible de donner la communion à une personne qui n'est pas baptisée ou qui refuse la vérité intégrale de la foi sur le Mystère eucharistique. Le Christ est la vérité et rend témoignage à la vérité (cf. Jn 14, 6; 18, 37); le Sacrement de son corps et de son sang n'admet pas de mensonge.

39. Par ailleurs, en raison du caractère même de la communion ecclésiale et du rapport qu'elle entretient avec le Sacrement de l'Eucharistie, il faut rappeler que «  le Sacrifice eucharistique, tout en étant toujours célébré dans une communauté particulière, n'est jamais une célébration de cette seule communauté: celle-ci en effet, en recevant la présence eucharistique du Seigneur, reçoit l'intégralité du don du salut et, bien que dans sa particularité visible permanente, elle se manifeste aussi comme image et vraie présence de l'Église une, sainte, catholique et apostolique  ».79 Il en découle qu'une communauté vraiment eucharistique ne peut se replier sur elle-même, comme si elle était autosuffisante, mais qu'elle doit être en syntonie avec chaque autre communauté catholique.

La communion ecclésiale de l'assemblée eucharistique est communion avec son Évêque et avec le Pontife romain. En effet, l'Évêque est le principe visible et le fondement de l'unité dans son Église particulière.80 Il serait donc tout à fait illogique que le Sacrement par excellence de l'unité de l'Église soit célébré sans une véritable communion avec l'Évêque. Saint Ignace d'Antioche écrivait: «  Que cette Eucharistie soit seule regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l'évêque ou de celui qu'il en a chargé  ».81 De la même manière, puisque «  le Pontife romain, en qualité de successeur de Pierre, est le principe et le fondement permanents et visibles de l'unité, aussi bien des évêques que de la multitude des fidèles  »,82 la communion avec lui est une exigence intrinsèque de la célébration du Sacrifice eucharistique. De là vient la profonde vérité exprimée de diverses manières par la liturgie: «  Toute célébration de l'Eucharistie est faite en union non seulement avec l'évêque, mais aussi avec le Pape, avec l'Ordre épiscopal, avec tout le clergé et le peuple tout entier. Toute célébration valide de l'Eucharistie exprime cette communion universelle avec Pierre et avec l'Église tout entière ou bien la réclame objectivement, comme dans le cas des Églises chrétiennes séparées de Rome  ».83

40. L'Eucharistie crée la communion et éduque à la communion. Saint Paul écrivait aux fidèles de Corinthe, leur montrant combien leurs divisions, qui se manifestaient dans l'assemblée eucharistique, étaient en opposition avec ce qu'ils célébraient, la Cène du Seigneur. En conséquence, l'Apôtre les invitait à réfléchir sur la réalité véritable de l'Eucharistie, pour les faire revenir à un esprit de communion fraternelle (cf. 1 Co 11, 17-34). Saint Augustin s'est efficacement fait l'écho de cette exigence. Rappelant la parole de l'Apôtre: «  Vous êtes le corps du Christ et vous êtes les membres de ce corps  » (1 Co 12, 27), il faisait remarquer: «  Si donc vous êtes le Corps du Christ et ses membres, le symbole de ce que vous êtes se trouve déposé sur la table du Seigneur; vous y recevez votre propre mystère  ».84 Et il en tirait la conséquence suivante: «  Notre Seigneur [...] a consacré sur la table le mystère de notre paix et de notre unité. Celui qui reçoit le mystère de l'unité, et ne reste pas dans les liens de la paix, ne reçoit pas son mystère pour son salut; il reçoit un témoignage qui le condamne  ».85

41. Cette promotion particulièrement efficace de la communion, qui est le propre de l'Eucharistie, est l'une des raisons de l'importance de la Messe dominicale. Sur cet aspect et sur les raisons qui le rendent essentiel à la vie de l'Église et des fidèles, je me suis longuement arrêté dans la lettre apostolique Dies Domini 86 sur la sanctification du dimanche. Je rappelais entre autre que pour les fidèles, participer à la Messe est une obligation, à moins qu'ils n'aient un empêchement grave, et de même, les Pasteurs ont de leur côté le devoir correspondant d'offrir à tous la possibilité effective de satisfaire au précepte.87 Plus récemment, dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, traçant le chemin pastoral de l'Église au début du troisième millénaire, j'ai voulu mettre particulièrement en relief l'Eucharistie dominicale, soulignant en quoi elle était efficacement créatrice de communion: «  Elle est, écrivais-je, le lieu privilégié où la communion est constamment annoncée et entretenue. Précisément par la participation à l'Eucharistie, le jour du Seigneur devient aussi le jour de l'Église, qui peut exercer ainsi de manière efficace son rôle de sacrement d'unité  ».88

42. Conserver et promouvoir la communion ecclésiale est une tâche pour tout fidèle, qui trouve dans l'Eucharistie, sacrement de l'unité de l'Église, un lieu pour manifester sa sollicitude d'une manière spéciale. Plus concrètement, cette tâche incombe avec une responsabilité particulière aux Pasteurs de l'Église, chacun à son rang et selon sa charge ecclésiastique. C'est pourquoi l'Église a donné des normes qui visent tout à la fois à favoriser l'accès fréquent et fructueux des fidèles à la table eucharistique, et à déterminer les conditions objectives dans lesquelles il faut s'abstenir d'administrer la communion. En favoriser avec soin la fidèle observance devient une expression effective d'amour envers l'Eucharistie et envers l'Église.

43. Considérant l'Eucharistie comme sacrement de la communion ecclésiale, il y a un argument à ne pas omettre en raison de son importance: je me réfère à son lien avec l'engagement œcuménique. Nous devons tous rendre grâce à la très sainte Trinité parce que, en ces dernières décennies, de nombreux fidèles partout dans le monde ont été touchés par le désir ardent de l'unité entre tous les chrétiens. Le Concile Vatican II, au début du décret sur l'œcuménisme, y reconnaît un don spécial de Dieu.89 Cela a constitué une grâce efficace qui a engagé sur la route de l'œcuménisme aussi bien nous-mêmes, fils de l'Église catholique, que nos frères des autres Églises et Communautés ecclésiales.

Le désir de parvenir à l'unité nous incite à tourner nos regards vers l'Eucharistie, qui est le Sacrement par excellence de l'unité du peuple de Dieu, étant donné qu'il en est l'expression la plus parfaite et la source incomparable.90 Dans la célébration du Sacrifice eucharistique, l'Église fait monter sa supplication vers Dieu, Père des miséricordes, pour qu'il donne à ses fils la plénitude de l'Esprit Saint, de sorte qu'ils deviennent dans le Christ un seul corps et un seul esprit.91 En présentant cette prière au Père des lumières, de qui viennent «  les dons les meilleurs et les présents merveilleux  » (Jc 1, 17), l'Église croit en son efficacité, puisqu'elle prie en union avec le Christ Tête et Époux, lequel fait sienne la supplication de l'épouse, l'unissant à celle de son sacrifice rédempteur.

44. Précisément parce que l'unité de l'Église, que l'Eucharistie réalise par le sacrifice du Christ, et par la communion au corps et au sang du Seigneur, comporte l'exigence, à laquelle on ne saurait déroger, de la communion totale dans les liens de la profession de foi, des sacrements et du gouvernement ecclésiastique, il n'est pas possible de concélébrer la même liturgie eucharistique jusqu'à ce que soit rétablie l'intégrité de ces liens. Une telle concélébration ne saurait être un moyen valable et pourrait même constituer un obstacle pour parvenir à la pleine communion, minimisant la valeur de la distance qui nous sépare du but et introduisant ou avalisant des ambiguïtés sur telle ou telle vérité de foi. Le chemin vers la pleine unité ne peut se faire que dans la vérité. En cette matière, les interdictions de la loi de l'Église ne laissent pas de place aux incertitudes,92 conformément à la norme morale proclamée par le Concile Vatican II.93

Je voudrais cependant redire ce que j'ajoutais dans l'encyclique Ut unum sint, après avoir pris acte de l'impossibilité de partager la même Eucharistie: «  Nous aussi, nous avons le désir ardent de célébrer ensemble l'unique Eucharistie du Seigneur, et ce désir devient déjà une louange commune et une même imploration. Ensemble, nous nous tournons vers le Père et nous le faisons toujours plus “d'un seul cœur”  ».94

45. S'il n'est en aucun cas légitime de concélébrer lorsqu'il n'y a pas pleine communion, il n'en va pas de même en ce qui concerne l'administration de l'Eucharistie, dans des circonstances spéciales, à des personnes appartenant à des Églises ou à des Communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion avec l'Église catholique. Dans ce cas en effet, l'objectif est de pourvoir à un sérieux besoin spirituel pour le salut éternel de ces personnes, et non de réaliser une intercommunion, impossible tant que ne sont pas pleinement établis les liens visibles de la communion ecclésiale.

C'est en ce sens que s'est exprimé le Concile Vatican II quand il a déterminé la conduite à tenir avec les Orientaux qui, se trouvant en toute bonne foi séparés de l'Église catholique, demandent spontanément à recevoir l'Eucharistie d'un ministre catholique et qui ont les dispositions requises.95 Cette façon d'agir a été depuis ratifiée par les deux Codes de Droit, dans lesquels est considéré aussi, avec les adaptations nécessaires, le cas des autres chrétiens non orien- taux qui ne sont pas en pleine communion avec l'Église catholique.96

46. Dans l'encyclique Ut unum sint, j'ai moi-même manifesté combien j'apprécie ces normes qui permettent de pourvoir au salut des âmes avec le discernement nécessaire: «  C'est un motif de joie que les ministres catholiques puissent, en des cas particuliers déterminés, administrer les sacrements de l'Eucharistie, de la pénitence, de l'onction des malades, à d'autres chrétiens qui ne sont pas en pleine communion avec l'Église catholique, mais qui désirent ardemment les recevoir, qui les demandent librement et qui partagent la foi que l'Église catholique confesse dans ces sacrements. Réciproquement, dans des cas déterminés et pour des circonstances particulières, les catholiques peuvent aussi recourir pour ces mêmes sacrements aux ministres des Églises dans lesquelles ils sont valides  ».97

Il convient d'être très attentif à ces conditions, qui ne souffrent pas d'exception, bien qu'il s'agisse de cas particuliers biens déterminés, car le refus d'une ou de plusieurs vérités de foi sur ces sacrements, et, parmi elles, de celle qui concerne la nécessité du sacerdoce ministériel pour que ces sacrements soient valides, fait que leur administration est illégitime parce que celui qui les demande n'a pas les dispositions voulues. À l'inverse, un fidèle catholique ne pourra pas recevoir la communion dans une communauté qui n'a pas de sacrement de l'Ordre valide.98

La fidèle observance de l'ensemble des normes établies en la matière 99 est à la fois manifestation et garantie d'amour tout autant envers Jésus Christ dans le très saint Sacrement qu'à l'égard des frères d'autres confessions chrétiennes, auxquels est dû le témoignage de la vérité, et qu'envers la cause même de la promotion de l'unité.

 

 CHAPITRE V

LA DIGNITÉ DE LA CÉLÉBRATION

EUCHARISTIQUE

 

47. Celui qui lit le récit de l'institution de l'Eucharistie dans les Évangiles synoptiques est frappé tout à la fois par la simplicité et par la «  gravité  » avec lesquelles Jésus, le soir de la dernière Cène, institue ce grand Sacrement. Il y a un épisode qui, en un sens, lui sert de prélude: c'est l'onction à Béthanie. Une femme, que Jean identifie à Marie, sœur de Lazare, verse sur la tête de Jésus un flacon de parfum précieux, provoquant chez les disciples – en particulier chez Judas (cf. Mt 26, 8; Mc 14, 4; Jn 12, 4) – une réaction de protestation, comme si un tel geste constituait un «  gaspillage  » intolérable en regard des besoins des pauvres. Le jugement de Jésus est cependant bien différent. Sans rien ôter au devoir de charité envers les indigents, auprès desquels les disciples devront toujours se dévouer – «  Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous  » (Mt 26, 11; Mc 14, 7; cf. Jn 12, 8) –, Jésus pense à l'événement imminent de sa mort et de sa sépulture, et il voit dans l'onction qui vient de lui être donnée une anticipation de l'honneur dont son corps continuera à être digne même après sa mort, car il est indissolublement lié au mystère de sa personne.

Dans les Évangiles synoptiques, le récit se poursuit avec l'ordre que donne Jésus à ses disciples de préparer minutieusement la «  grande salle  » nécessaire pour prendre le repas pascal (cf. Mc 14, 15; Lc 22, 12) et avec le récit de l'institution de l'Eucharistie. Faisant entrevoir au moins en partie le cadre des rites juifs qui structurent le repas pascal jusqu'au chant du Hallel (cf. Mt 26, 30; Mc 14, 26), le récit propose de façon aussi concise que solennelle, même dans les variantes des différentes traditions, les paroles prononcées par le Christ sur le pain et sur le vin, qu'il assume comme expressions concrètes de son corps livré et de son sang versé. Tous ces détails sont rappelés par les Évangélistes à la lumière d'une pratique de la «  fraction du pain  » désormais affermie dans l'Église primitive. Mais assurément, à partir de l'histoire vécue par Jésus, l'événement du Jeudi saint porte de manière visible les traits d'une «  sensibilité  » liturgique modelée sur la tradition vétéro-testamentaire et prête à se remodeler dans la célébration chrétienne en harmonie avec le nouveau contenu de la Pâque.

48. Comme la femme de l'onction à Béthanie, l'Église n'a pas craint de «  gaspiller  », plaçant le meilleur de ses ressources pour exprimer son admiration et son adoration face au don incommensurable de l'Eucharistie. De même que les premiers disciples chargés de préparer la «  grande salle  », elle s'est sentie poussée, au cours des siècles et dans la succession des cultures, à célébrer l'Eucharistie dans un contexte digne d'un si grand Mystère. La liturgie chrétienne est née dans le sillage des paroles et des gestes de Jésus, développant l'héritage rituel du judaïsme. Et en effet, comment pourrait- on jamais exprimer de manière adéquate l'accueil du don que l'Époux divin fait continuellement de lui-même à l'Église-Épouse, en mettant à la portée des générations successives de croyants le Sacrifice offert une fois pour toutes sur la Croix et en se faisant nourriture pour tous les fidèles? Si la logique du «  banquet  » suscite un esprit de famille, l'Église n'a jamais cédé à la tentation de banaliser cette «  familiarité  » avec son Époux en oubliant qu'il est aussi son Seigneur et que le «  banquet  » demeure pour toujours un banquet sacrificiel, marqué par le sang versé sur le Golgotha. Le Banquet eucharistique est vraiment un banquet «  sacré  », dans lequel la simplicité des signes cache la profondeur insondable de la sainteté de Dieu: «  O Sacrum convivium, in quo Christus sumitur!  ». Le pain qui est rompu sur nos autels, offert à notre condition de pèlerins en marche sur les chemins du monde, est «  panis angelorum  », pain des anges, dont on ne peut s'approcher qu'avec l'humilité du centurion de l'Évangile: «  Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit  » (Mt 8, 8; Lc 7, 6).

49. En se laissant porter par ce sens élevé du mystère, on comprend que la foi de l'Église dans le Mystère eucharistique se soit exprimée dans l'histoire non seulement par la requête d'une attitude intérieure de dévotion, mais aussi par une série d'expressions extérieures, destinées à évoquer et à souligner la grandeur de l'événement célébré. De là naît le parcours qui a conduit progressivement à délimiter un statut spécial de réglementation pour la liturgie eucharistique, dans le respect des diverses traditions ecclésiales légitimement constituées. Sur cette base s'est aussi développé un riche patrimoine artistique. L'architecture, la sculpture, la peinture, la musique, en se laissant orienter par le mystère chrétien, ont trouvé dans l'Eucharistie, directement ou indirectement, un motif de grande inspiration.

Il en a été ainsi par exemple pour l'architecture, qui, dès que le contexte historique l'a permis, a vu le lieu des premières Célébrations eucharistiques passer des «  domus  » des familles chrétiennes aux basiliques solennelles des premiers siècles, puis aux imposantes cathédrales du Moyen- Âge, et finalement aux églises, grandes et petites, qui se sont multipliées progressivement sur les terres où le christianisme est parvenu. La forme des autels et des tabernacles s'est développée dans les espaces liturgiques, suivant, d'une fois sur l'autre, non seulement les élans de l'inspiration, mais aussi les indications d'une compréhension précise du Mystère. On peut en dire autant de la musique sacrée, en pensant simplement à l'inspiration des mélodies grégoriennes, aux nombreux auteurs, et biens souvent grands auteurs, qui se sont mesurés aux textes liturgiques de la Messe. Et ne voit-on pas, dans le domaine des objets et des ornements utilisés pour la célébration liturgique, une quantité importante de productions artistiques, allant des réalisations d'un bon artisanat jusqu'aux véritables œuvres d'art?

On peut dire alors que, si l'Eucharistie a modelé l'Église et la spiritualité, elle a aussi influencé fortement la «  culture  », spécialement dans le domaine esthétique.

50. Les chrétiens d'Occident et d'Orient ont «  rivalisé  » dans cet effort d'adoration du Mystère, sous l'aspect rituel et esthétique. Comment ne pas rendre grâce au Seigneur, en particulier pour la contribution apportée à l'art chrétien par les grandes œuvres d'architecture et de peinture de la tradition gréco-byzantine et de toute l'aire géographique et culturelle slave? En Orient, l'art sacré a conservé un sens singulièrement fort du mystère, qui poussa les artistes à concevoir leur effort de production du beau non seulement comme une expression de leur génie, mais aussi comme un service authentique rendu à la foi. Allant bien au-delà de la simple habileté technique, ils ont su s'ouvrir avec docilité au souffle de l'Esprit de Dieu.

Les splendeurs de l'architecture et des mosaïques dans l'Orient et dans l'Occident chrétiens sont un patrimoine universel des croyants, et elles portent en elles un souhait, je dirais même un gage, de la plénitude tant désirée de la communion dans la foi et dans la célébration. Cela suppose et exige, comme dans la célèbre icône de la Trinité de Roublev, une Église profondément «  eucharistique  », où le partage du mystère du Christ dans le pain rompu est comme immergé dans l'ineffable unité des trois Personnes divines, faisant de l'Église elle-même une «  icône  » de la Trinité.

Dans cette perspective d'un art qui tend à exprimer, à travers tous ses éléments, le sens de l'Eucharistie selon l'enseignement de l'Église, il convient de prêter une attention soutenue aux normes qui concernent la construction et l'ameublement des édifices sacrés. L'espace de création que l'Église a toujours laissé aux artistes est large, comme l'histoire le montre et ainsi que je l'ai moi-même souligné dans la Lettre aux artistes.100 Mais l'art sacré doit se caractériser par sa capacité d'exprimer de manière adéquate le Mystère accueilli dans la plénitude de la foi de l'Église et selon les indications pastorales convenables données par l'Autorité compétente. Cela vaut tout autant pour les arts figuratifs que pour la musique sacrée.

51. Ce qui s'est produit dans les terres de vieille chrétienté en matière d'art sacré et de discipline liturgique est en train de se développer aussi sur les continents où le christianisme est plus jeune. C'est là l'orientation qui a été donnée précisément par le Concile Vatican II concernant l'exigence d'une «  inculturation  » à la fois saine et nécessaire. Au cours de mes nombreux voyages pastoraux, j'ai pu observer, dans toutes les régions du monde, la vitalité qui peut se manifester dans les Célébrations eucharistiques au contact des formes, des styles et des sensibilités des différentes cultures. En s'adaptant aux conditions changeantes de temps et d'espace, l'Eucharistie offre une nourriture non seulement aux personnes, mais aux peuples eux-mêmes, et elle modèle des cultures inspirées par l'esprit chrétien.

Il est toutefois nécessaire que ce travail important d'adaptation soit accompli avec la conscience permanente du Mystère ineffable avec lequel chaque génération est invitée à se mesurer. Le «  trésor  » est trop grand et trop précieux pour que l'on risque de l'appauvrir ou de lui porter atteinte par des expériences ou des pratiques introduites sans qu'elles fassent l'objet d'une vérification attentive des Autorités ecclésiastiques compétentes. Par ailleurs, le caractère central du Mystère eucharistique est tel qu'il exige que cette vérification s'accomplisse en liaison étroite avec le Saint-Siège. Comme je l'écrivais dans l'exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Asia, «  une telle collaboration est essentielle parce que la sainte Liturgie exprime et célèbre la foi unique professée par tous et, étant l'héritage de toute l'Église, elle ne peut pas être déterminée par les Églises locales isolément, sans référence à l'Église universelle  ».101

52. De ce qui vient d'être dit, on comprend la grande responsabilité qui, dans la Célébration eucharistique, incombe surtout aux prêtres, auxquels il revient de la présider in persona Christi, assurant un témoignage et un service de la communion non seulement pour la communauté qui participe directement à la célébration, mais aussi pour l'Église universelle, qui est toujours concernée par l'Eucharistie. Il faut malheureusement déplorer que, surtout à partir des années de la réforme liturgique post-conciliaire, en raison d'un sens mal compris de la créativité et de l'adaptation les abus n'ont pas manqué, et ils ont été des motifs de souffrance pour beaucoup. Une certaine réaction au «  formalisme  » a poussé quelques-uns, en particulier dans telle ou telle région, à estimer que les «  formes  » choisies par la grande tradition liturgique de l'Église et par son Magistère ne s'imposaient pas, et à introduire des innovations non autorisées et souvent de mauvais goût. 

C'est pourquoi je me sens le devoir de lancer un vigoureux appel pour que, dans la Célébration eucharistique, les normes liturgiques soient observées avec une grande fidélité. Elles sont une expression concrète du caractère ecclésial authentique de l'Eucharistie; tel est leur sens le plus profond. La liturgie n'est jamais la propriété privée de quelqu'un, ni du célébrant, ni de la communauté dans laquelle les Mystères sont célébrés. L'Apôtre Paul dut adresser des paroles virulentes à la communauté de Corinthe pour dénoncer les manquements graves à la Célébration eucharistique, manquements qui avaient conduit à des divisions (schísmata) et à la formation de factions (airéseis) (cf. 1 Co 11, 17-34). À notre époque aussi, l'obéissance aux normes liturgiques devrait être redécouverte et mise en valeur comme un reflet et un témoignage de l'Église une et universelle, qui est rendue présente en toute célébration de l'Eucharistie. Le prêtre qui célèbre fidèlement la Messe selon les normes liturgiques et la communauté qui s'y conforme manifestent, de manière silencieuse mais éloquente, leur amour pour l'Église. Précisément pour renforcer ce sens profond des normes liturgiques, j'ai demandé aux Dicastères compétents de la Curie romaine de préparer un document plus spécifique, avec des rappels d'ordre également juridique, sur ce thème d'une grande importance. Il n'est permis à personne de sous- évaluer le Mystère remis entre nos mains: il est trop grand pour que quelqu'un puisse se per- mettre de le traiter à sa guise, ne respectant ni son caractère sacré ni sa dimension universelle.

 

 CHAPITRE VI

À L'ÉCOLE DE MARIE,

FEMME «  EUCHARISTIQUE  »

 

 

53. Si nous voulons redécouvrir dans toute sa richesse le rapport intime qui unit l'Église et l'Eucharistie, nous ne pouvons pas oublier Marie, Mère et modèle de l'Église. Dans la lettre apostolique Rosarium Virginis Mariæ, en désignant la Vierge très sainte comme Maîtresse dans la contemplation du visage du Christ, j'ai inscrit l'institution de l'Eucharistie parmi les mystères lumineux.102 Marie peut en effet nous guider vers ce très saint Sacrement, car il existe entre elle et lui une relation profonde.

À première vue, l'Évangile reste silencieux sur ce thème. Dans le récit de l'institution, au soir du Jeudi saint, on ne parle pas de Marie. On sait par contre qu'elle était présente parmi les Apôtres, unis «  d'un seul cœur dans la prière  » (cf. Ac 1, 14), dans la première communauté rassemblée après l'Ascension dans l'attente de la Pentecôte. Sa présence ne pouvait certes pas faire défaut dans les Célébrations eucharistiques parmi les fidèles de la première génération chrétienne, assidus «  à la fraction du pain  » (Ac 2, 42).

Mais en allant au-delà de sa participation au Banquet eucharistique, on peut deviner indirectement le rapport entre Marie et l'Eucharistie à partir de son attitude intérieure. Par sa vie tout entière, Marie est une femme «  eucharistique  ». L'Église, regardant Marie comme son modèle, est appelée à l'imiter aussi dans son rapport avec ce Mystère très saint.

54. Mysterium fidei! Si l'Eucharistie est un mystère de foi qui dépasse notre intelligence au point de nous obliger à l'abandon le plus pur à la parole de Dieu, nulle personne autant que Marie ne peut nous servir de soutien et de guide dans une telle démarche. Lorsque nous refaisons le geste du Christ à la dernière Cène en obéissance à son commandement: «  Faites cela en mémoire de moi!  » (Lc 22, 19), nous accueillons en même temps l'invitation de Marie à lui obéir sans hésitation: «  Faites tout ce qu'il vous dira  » (Jn 2, 5). Avec la sollicitude maternelle dont elle témoigne aux noces de Cana, Marie semble nous dire: «  N'ayez aucune hésitation, ayez confiance dans la parole de mon Fils. Lui, qui fut capable de changer l'eau en vin, est capable également de faire du pain et du vin son corps et son sang, transmettant aux croyants, dans ce mystère, la mémoire vivante de sa Pâque, pour se faire ainsi “pain de vie”  ».

55. En un sens, Marie a exercé sa foi eucharistique avant même l'institution de l'Eucharistie, par le fait même qu'elle a offert son sein virginal pour l'incarnation du Verbe de Dieu. Tandis que l'Eucharistie renvoie à la passion et à la résurrection, elle se situe simultanément en continuité de l'Incarnation. À l'Annonciation, Marie a conçu le Fils de Dieu dans la vérité même physique du corps et du sang, anticipant en elle ce qui dans une certaine mesure se réalise sacramentellement en tout croyant qui reçoit, sous les espèces du pain et du vin, le corps et le sang du Seigneur.

Il existe donc une analogie profonde entre le fiat par lequel Marie répond aux paroles de l'Ange et l'amen que chaque fidèle prononce quand il reçoit le corps du Seigneur. À Marie, il fut demandé de croire que celui qu'elle concevait «  par l'action de l'Esprit Saint  » était le «  Fils de Dieu  » (cf. Lc 1, 30-35). Dans la continuité avec la foi de la Vierge, il nous est demandé de croire que, dans le Mystère eucharistique, ce même Jésus, Fils de Dieu et Fils de Marie, se rend présent dans la totalité de son être humain et divin, sous les espèces du pain et du vin.

«  Heureuse celle qui a cru  » (Lc 1, 45): dans le mystère de l'Incarnation, Marie a aussi anticipé la foi eucharistique de l'Église. Lorsque, au moment de la Visitation, elle porte en son sein le Verbe fait chair, elle devient, en quelque sorte, un «  tabernacle  » – le premier «  tabernacle  » de l'histoire – dans lequel le Fils de Dieu, encore invisible aux yeux des hommes, se présente à l'adoration d'Élisabeth, «  irradiant  » quasi sa lumière à travers les yeux et la voix de Marie. Et le regard extasié de Marie, contemplant le visage du Christ qui vient de naître et le serrant dans ses bras, n'est-il pas le modèle d'amour inégalable qui doit inspirer chacune de nos communions eucharistiques?

56. Durant toute sa vie au côté du Christ et non seulement au Calvaire, Marie a fait sienne la dimension sacrificielle de l'Eucharistie. Quand elle porta l'enfant Jésus au temple de Jérusalem «  pour le présenter au Seigneur  » (Lc 2, 22), elle entendit le vieillard Syméon lui annoncer que cet Enfant serait un «  signe de division  » et qu'une «  épée  » devait aussi transpercer le cœur de sa mère (cf. Lc 2, 34-35). Le drame de son Fils crucifié était ainsi annoncé à l'avance, et d'une certaine manière était préfiguré le «  stabat Mater  » de la Vierge au pied de la Croix. Se préparant jour après jour au Calvaire, Marie vit une sorte «  d'Eucharistie anticipée  », à savoir une «  communion spirituelle  » de désir et d'offrande, dont l'accomplissement se réalisera par l'union avec son Fils au moment de la passion et qui s'exprimera ensuite, dans le temps après Pâques, par sa participation à la Célébration eucharistique, présidée par les Apôtres, en tant que «  mémorial  » de la passion.

Comment imaginer les sentiments de Marie, tandis qu'elle écoutait, de la bouche de Pierre, de Jean, de Jacques et des autres Apôtres, les paroles de la dernière Cène: «  Ceci est mon corps, donné pour vous  » (Lc 22, 19)? Ce corps offert en sacrifice, et représenté sous les signes sacramentels, était le même que celui qu'elle avait conçu en son sein! Recevoir l'Eucharistie devait être pour Marie comme si elle accueillait de nouveau en son sein ce cœur qui avait battu à l'unisson du sien et comme si elle revivait ce dont elle avait personnellement fait l'expérience au pied de la Croix.

57. «  Faites cela en mémoire de moi  » (Lc 22, 19). Dans le «  mémorial  » du Calvaire est présent tout ce que le Christ a accompli dans sa passion et dans sa mort. C'est pourquoi ce que le Christ a accompli envers sa Mère, il l'accomplit aussi en notre faveur. Il lui a en effet confié le disciple bien- aimé et, en ce disciple, il lui confie également chacun de nous: «  Voici ton fils!  ». De même, il dit aussi à chacun de nous: «  Voici ta mère!  » (cf. Jn 19, 26-27).

Vivre dans l'Eucharistie le mémorial de la mort du Christ suppose aussi de recevoir continuellement ce don. Cela signifie prendre chez nous – à l'exemple de Jean – celle qui chaque fois nous est donnée comme Mère. Cela signifie en même temps nous engager à nous conformer au Christ, en nous mettant à l'école de sa Mère et en nous laissant accompagner par elle. Marie est présente, avec l'Église et comme Mère de l'Église, en chacune de nos Célébrations eucharistiques. Si Église et Eucharistie constituent un binôme inséparable, il faut en dire autant du binôme Marie et Eucharistie. C'est pourquoi aussi la mémoire de Marie dans la Célébration eucharistique se fait de manière unanime, depuis l'antiquité, dans les Églises d'Orient et d'Occident.

58. Dans l'Eucharistie, l'Église s'unit pleinement au Christ et à son sacrifice, faisant sien l'esprit de Marie. C'est une vérité que l'on peut approfondir en relisant le Magnificat dans une perspective eucharistique. En effet, comme le cantique de Marie, l'Eucharistie est avant tout une louange et une action de grâce. Quand Marie s'exclame: «  Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur  », Jésus est présent en son sein. Elle loue le Père «  pour  » Jésus, mais elle le loue aussi «  en  » Jésus et «  avec  » Jésus. Telle est précisément la véritable «  attitude eucharistique  ».

En même temps, Marie fait mémoire des merveilles opérées par Dieu dans l'histoire du salut, selon la promesse faites à nos pères (cf. Lc 1, 55), et elle annonce la merveille qui les dépasse toutes, l'Incarnation rédemptrice. Enfin, dans le Magnificat est présente la tension eschatologique de l'Eucharistie. Chaque fois que le Fils de Dieu se présente à nous dans la «  pauvreté  » des signes sacramentels, pain et vin, est semé dans le monde le germe de l'histoire nouvelle dans laquelle les puissants sont «  renversés de leurs trônes  » et les humbles sont «  élevés  » (cf. Lc 1, 52). Marie chante les «  cieux nouveaux  » et la «  terre nouvelle  » qui, dans l'Eucharistie, trouvent leur anticipation et en un sens leur «  dessein  » programmé. Si le Magnificat exprime la spiritualité de Marie, rien ne nous aide à vivre le mystère eucharistique autant que cette spiritualité. L'Eucharistie nous est donnée pour que notre vie, comme celle de Marie, soit tout entière un Magnificat!

 

 CONCLUSION

 

59. «  Ave verum corpus natum de Maria Virgine!  ». Il y a quelques années, j'ai célébré le cinquantième anniversaire de mon ordination sacerdotale. Je ressens aujourd'hui comme une grâce le fait d'offrir à l'Église cette encyclique sur l'Eucharistie en ce Jeudi saint qui tombe en la vingt-cinquième année de mon ministère pétrinien. Cela me remplit le cœur de gratitude. Depuis plus d'un demi-siècle, chaque jour, à partir de ce 2 novembre 1946 où j'ai célébré ma première Messe dans la crypte Saint-Léonard de la cathédrale du Wawel à Cracovie, mes yeux se sont concentrés sur l'hostie et sur le calice, dans lesquels le temps et l'espace se sont en quelque sorte «  contractés  » et dans lesquels le drame du Golgotha s'est à nouveau rendu présent avec force, dévoilant sa mystérieuse «  contemporanéité  ». Chaque jour, ma foi m'a permis de reconnaître dans le pain et le vin consacrés le divin Pèlerin qui, un certain jour, fit route avec les deux disciples d'Emmaüs pour ouvrir leurs yeux à la lumière et leur cœur à l'espérance (cf. Lc 24, 13-35).

Frères et sœurs très chers, permettez que, dans un élan de joie intime, en union avec votre foi et pour la confirmer, je donne mon propre témoignage de foi en la très sainte Eucharistie. «  Ave verum corpus natum de Maria Virgine, / vere passum, immolatum, in cruce pro homine!  ». Ici se trouve le trésor de l'Église, le cœur du monde, le gage du terme auquel aspire tout homme, même inconsciemment. Il est grand ce mystère, assurément il nous dépasse et il met à rude épreuve les possibilités de notre esprit d'aller au-delà des apparences. Ici, nos sens défaillent – «  visus, tactus, gustus in te fallitur  », est-il dit dans l'hymne Adoro te devote –, mais notre foi seule, enracinée dans la parole du Christ transmise par les Apôtres, nous suffit. Permettez que, comme Pierre à la fin du discours eucharistique dans l'Évangile de Jean, je redise au Christ, au nom de toute l'Église, au nom de chacun d'entre vous: «  Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle  » (Jn 6, 68).

60. À l'aube de ce troisième millénaire, nous tous, fils et filles de l'Église, nous sommes invités à progresser avec un dynamisme renouvelé dans la vie chrétienne. Comme je l'ai écrit dans la lettre apostolique Novo millennio ineunte, «  il ne s'agit pas d'inventer un “nouveau programme”. Le programme existe déjà: c'est celui de toujours, tiré de l'Évangile et de la Tradition vivante. Il est centré, en dernière analyse, sur le Christ lui-même, qu'il faut connaître, aimer, imiter, pour vivre en lui la vie trinitaire et pour transformer avec lui l'histoire jusqu'à son achèvement dans la Jérusalem céleste  ».103 La réalisation de ce programme d'un élan renouvelé dans la vie chrétienne passe par l'Eucharistie.

Tout engagement vers la sainteté, toute action visant à l'accomplissement de la mission de l'Église, toute mise en œuvre de plans pastoraux, doit puiser dans le mystère eucharistique la force nécessaire et s'orienter vers lui comme vers le sommet. Dans l'Eucharistie, nous avons Jésus, nous avons son sacrifice rédempteur, nous avons sa résurrection, nous avons le don de l'Esprit Saint, nous avons l'adoration, l'obéissance et l'amour envers le Père. Si nous négligions l'Eucharistie, comment pourrions-nous porter remède à notre indigence?

61. Le mystère eucharistique – sacrifice, présence, banquet – n'admet ni réduction ni manipulation; il doit être vécu dans son intégrité, que ce soit dans l'acte de la célébration ou dans l'intime échange avec Jésus que l'on vient de recevoir dans la communion, ou encore dans le temps de prière et d'adoration eucharistique en dehors de la Messe. L'Église s'édifie alors solidement et ce qu'elle est vraiment est exprimé: une, sainte, catholique et apostolique; peuple, temple et famille de Dieu; corps et épouse du Christ, animée par l'Esprit Saint; sacrement universel du salut et communion hiérarchiquement structurée.

La voie que l'Église parcourt en ces premières années du troisième millénaire est aussi un chemin d'engagement œcuménique renouvelé. Les dernières décennies du deuxième millénaire, qui ont culminé avec le grand Jubilé, nous ont poussés dans cette direction, encourageant tous les baptisés à ré- pondre à la prière de Jésus «  ut unum sint  » (Jn 17, 11). Un tel chemin est long, hérissé d'obstacles qui dépassent les forces humaines; mais nous avons l'Eucharistie, et, en sa présence, nous pouvons entendre au fond de notre cœur, comme si elles nous étaient adressées, les paroles mêmes qu'entendit le prophète Élie: «  Lève-toi et mange, autrement le chemin sera trop long pour toi  » (1 R 19, 7). Le trésor eucharistique que le Seigneur a mis à notre disposition nous pousse vers l'objectif du partage plénier de ce trésor avec tous les frères auxquels nous unit le même Baptême. Toutefois, pour ne pas gaspiller un tel trésor, il faut respecter les exigences liées au fait qu'il est le Sacrement de la communion dans la foi et dans la succession apostolique.

En donnant à l'Eucharistie toute l'importance qu'elle mérite et en veillant avec une grande attention à n'en atténuer aucune dimension ni aucune exigence, nous montrons que nous sommes profondément conscients de la grandeur de ce don. Nous y sommes aussi invités par une tradition ininterrompue qui, dès les premiers siècles, a vu la communauté chrétienne attentive à conserver ce «  trésor  ». Poussée par l'amour, l'Église se préoccupe de transmettre aux générations chrétiennes à venir, sans en perdre un seul élément, la foi et la doctrine sur le mystère eucharistique. Il n'y a aucun risque d'exagération dans l'attention que l'on porte à ce Mystère, car «  dans ce Sacrement se résume tout le mystère de notre salut  ».104

62. Chers frères et sœurs, mettons-nous à l'école des saints, grands interprètes de la piété eucharistique authentique. En eux, la théologie de l'Eucharistie acquiert toute la splendeur du vécu, elle nous «  imprègne  » et pour ainsi dire nous «  réchauffe  ». Mettons-nous surtout à l'écoute de la très sainte Vierge Marie en qui, plus qu'en quiconque, le Mystère de l'Eucharistie resplendit comme mystère lumineux. En nous tournant vers elle, nous connaissons la force transformante de l'Eucharistie. En elle, nous voyons le monde renouvelé dans l'amour. En la contemplant, elle qui est montée au Ciel avec son corps et son âme, nous découvrons quelque chose des «  cieux nouveaux  » et de la «  terre nouvelle  » qui s'ouvriront à nos yeux avec le retour du Christ. L'Eucharistie en est ici- bas le gage et d'une certaine manière l'anticipation: «  Veni, Domine Iesu!  » (Ap 22, 20).

Sous les humbles espèces du pain et du vin, transsubstantiés en son corps et en son sang, le Christ marche avec nous, étant pour nous force et viatique, et il fait de nous, pour tous nos frères, des témoins d'espérance. Si, face à ce mystère, la raison éprouve ses limites, le cœur, illuminé par la grâce de l'Esprit Saint, comprend bien quelle doit être son attitude, s'abîmant dans l'adoration et dans un amour sans limites.

Faisons nôtres les sentiments de saint Thomas d'Aquin, théologien par excellence et en même temps chantre passionné du Christ en son Eucharistie, et laissons notre âme s'ouvrir aussi à la contemplation du but promis, vers lequel notre cœur aspire, assoiffé qu'il est de joie et de paix:

«  Bone pastor, panis vere,

Iesu, nostri miserere...  ».

Bon pasteur, pain véritable,

Jésus aie pitié de nous

nourris-nous, protège-nous,

fais-nous voir le bien suprême,

dans la terre des vivants.

Toi qui sais et qui peux tout,

toi notre nourriture d'ici-bas,

prends-nous là-haut pour convives

et pour héritiers à jamais dans la famille des saints.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 17 avril 2003, Jeudi saint, en la vingt-cinquième année de mon pontificat et en l'année du Rosaire.

 

 

1 Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur l'Église Lumen gentium, n. 11.

2 Conc. œcum. Vat. II, Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 5.

3 Cf. Jean-Paul II, Lettre apost. Rosarium Virginis Mariæ (16 octobre 2002), n. 21: AAS 95 (2003), p. 19; La Documentation catholique 99 (2002), pp. 959- 960.

4 Tel est le titre que j'ai voulu donner à un témoignage autobiographique à l'occasion de mon cinquantième anniversaire de sacerdoce.

5 Leonis XIII P.M. Acta XXII (1903), pp. 115-136;

6 AAS 39 (1947), pp. 521-595; La Documentation catholique 45 (1948), col. 195-251.

7 AAS 57 (1965), pp. 753-774; La Documentation catholique 62 (1965), col. 1633-1651.

8 AAS 72 (1980), pp. 113-148; La Documentation catholique 77 (1980), pp. 301-312.

9 Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. sur la sainte Liturgie Sacrosanctum concilium, n. 47: Salvator noster [...] Sacrificium Eucharisticum Corporis et Sanguinis sui instituit, quo Sacrificium Crucis in sæcula, donec veniret, perpetuaret...: «  Notre Sauveur [...] institua le sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang pour perpétuer le sacrifice de la croix au long des siècles, jusqu'à ce qu'il vienne  ».

10 Catéchisme de l'Église catholique, n. 1085.

11 Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 3.

12 Cf. Paul VI, Profession de foi (30 juin 1968), n. 24: AAS 60 (1968), p. 442; La Documentation catholique 65 (1968), col. 1256-1257; Jean-Paul II, Lettr. apost. Dominicæ Cenæ (24 février 1980), n. 9: AAS 72 (1980), pp. 142-146; La Documentation catholique 77 (1980), pp. 305-306.

13 Catéchisme de l'Église catholique, n. 1382.

14 Ibid., n. 1367.

15 Homélie sur la Lettre aux Hébreux, 17, 3: PG 63, 131.

16 Cf. Conc. œcum. de Trente, Session XXII, Doctrine sur le saint sacrifice de la Messe, ch. 2: DS 1743; La Foi catholique, n. 768: «  C'est une seule et même victime, c'est le même qui offre maintenant par le ministère des prêtres, qui s'est offert lui-même alors sur la Croix; seule, la manière d'offrir diffère  ».

17 Pie XII, Encycl. Mediator Dei (20 novembre 1947): AAS 39 (1947), p. 548; La Documentation catholique 45 (1948), col. 216.

18  Jean-Paul II, Encycl. Redemptor hominis (15 mars 1979), n. 20: AAS 71 (1979), p. 310; La Documentation catholique 76 (1979), p. 317.

19 Const. dogm. Lumen gentium, n. 11.

20 De sacramentis, V, 4, 26: CSEL 73, 70; SCh 25bis, p. 135.

21 In Ioannis Evangelium, XII, 20: PG 74, 726.

22 Encycl. Mysterium fidei (3 septembre 1965): AAS 57 (1965), p. 764; La Documentation catholique 62 (1965), col. 1643.

23 Session XIII, Décret sur la très sainte Eucharistie, ch. 4: DS, 1462; La Foi catholique, n. 739.

24 Catéchèses mystagogiques, IV, 6: SCh 126, p. 138.

25 Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 8.

26 Profession de foi (30 juin 1968), n. 25: AAS 60 (1968), pp. 442-443; La Documentation catholique 65 (1968), col. 1256.

27 Homélie IV pour la Semaine sainte: CSCO 413 / Syr. 182, 55.

28 Anaphore.

29 Prière eucharistique III.

30 Solennité du Corps et du Sang du Christ, IIe Vêpres, antienne du Magnificat.

31 Missel romain, Embolisme après le Notre Père.

32 Lettre aux Éphésiens, 20: PG 5, 661: SCh 10 bis, p. 77.

33 Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. past. sur l'Église dans le monde de ce temps Gaudium et spes, n. 39.

34 «  Tu veux honorer le corps du Christ? Ne le méprise pas lorsqu'il est nu. Ne l'honore pas ici, dans l'église, par des tissus de soie tandis que tu le laisses dehors souffrir du froid et du manque de vêtements. Car celui qui a dit: Ceci est mon corps, et qui l'a réalisé en le disant, c'est lui qui a dit: Vous m'avez vu avoir faim, et vous ne m'avez pas donné à manger, et aussi: Chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces petits, c'est à moi que vous ne l'avez pas fait [...]. Quel avantage y a- t-il à ce que la table du Christ soit chargée de vases d'or, tandis que lui-même meurt de faim? Commence par rassasier l'affamé, et avec ce qui te restera tu orneras son autel  »: S. Jean Chrysostome, Homélie sur l'Évangile de Matthieu 50, 3-4: PG 58, 508-509; cf. Jean-Paul II, Encycl. Sollicitudo rei socialis (30 décembre 1987), n. 31: AAS 80 (1988), pp. 553-556; La Documentation catholique 85 (1988), p. 246.

35 Const. dogm. Lumen gentium, n. 3.

36 Ibid.

37 Conc. œcum. Vat. II, Décr. sur l'activité missionnaire de l'Église Ad gentes, n. 5.

38 «  Moïse prit le sang, en aspergea le peuple, et dit: “Voici le sang de l'Alliance que, sur la base de toutes ces paroles, le Seigneur a conclue avec vous”  » (Ex 24, 8).

39 Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 1.

40 Cf. ibid., n. 9.

41 Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décr. Presbyterorum ordinis, n. 5. Le même décret dit au n. 6: «  Aucune communauté chrétienne ne s'édifie si elle n'a pas sa racine et son centre dans la célébration de la très sainte Eucharistie  ».

42 Homélies sur la 1re Lettre aux Corinthiens, 24, 2: PG 61, 200; cf. Didachè, IX, 4; Funk, 1, 22; SCh 248, p. 177; S. Cyprien, Lettres LXIII, 13: PL 4, 384; Correspondance II, Les Belles Lettres, Paris (1925), pp. 201-202.

43 PO 26, 206.

44 Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 1.

45 Cf. Conc. œcum. de Trente, Sess. XIII, Décret sur la très sainte Eucharistie, can. 4: DS 1654; La Foi catholique, n. 748.

46 Cf. Rituale Romanum: De sacra communione et de cultu mysterii eucharistici extra Missam, p. 36 (n. 80); Rituel de l'Eucharistie en dehors de la Messe, 2e éd., AELF 1996, p. 67 (n. 80).

47 Cf. ibid, pp. 38-39 (n. 86-90); Rituel de l'Eucharistie en dehors de la Messe, pp. 69-70 (n. 86-90).

48 Jean-Paul II, Lettre apost. Novo millennio ineunte, n. 32: AAS 93 (2001), pp. 288; La Documentation catholique 98 (2001), p. 79.

49 «  Qu'au cours de la journée 1es fidèles ne négligent point de rendre visite au Saint-Sacrement, qui doit être conservé en un endroit très digne des églises, avec le plus d'honneur possible, selon les lois liturgiques. Car la visite est une marque de gratitude, un geste d'amour et un devoir de reconnaissance envers le Christ Notre-Seigneur présent en ce lieu  »: Paul VI, Encycl. Mysterium fidei (3 septembre 1965): AAS 57 (1965), p. 771; La Documentation catholique 62 (1965), col. 1647-1648.

50 Visite al S.S. Sacramento ed a Maria Santissima, Introduction: Opere ascetiche, Avellino (2000), p. 295.

51 N. 857.

52 Ibid.

53 Ibid.

54 Cf. Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lettre Sacerdotium ministeriale (6 août 1983), III, 2: AAS 75 (1983), p. 1005; La Documentation catholique 80 (1983), p. 886.

55 Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 10.

56 Ibid.

57 Cf. Institutio generalis: Editio typica tertia, n. 147.

58 Cf. Const. dogm. Lumen gentium, nn. 10. 28; Décret Presbyterorum Ordinis, n. 2.

59 «  Le ministre de l'autel représente le Christ en tant que chef offrant au nom de tous ses membres  »: Pie XII, Encycl. Mediator Dei (20 novembre 1947): AAS 39 (1947), p. 556; La Documentation catholique 45 (1948), col. 221; cf. Pie X, Exhort. apost. Hærent animo (4 août 1908): Pii X Acta, IV, 16.; Pie XI, Encycl. Ad catholici sacerdotii (20 décembre 1935): AAS 28 (1936), p. 20; La Documentation catholique 35 (1936/1), col. 141.

60 Lettre apost. Dominicæ cenæ (24 février 1980), n. 8: AAS 72 (1980), pp. 128-129; La Documentation catholique, 77 (1980), p. 304.

61 Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lettre Sacerdotium ministeriale (6 août 1983), III, 4: AAS 75 (1983), p. 1006; La Documentation catholique 80 (1983), p. 887; cf. Conc. œcum. Latran IV, ch. 1, Const. sur la foi catholique Firmiter credimus: DS 802; La Foi catholique, n. 31.

62 Conc. œcum. Vat. II, Décret sur l'œcuménisme Unitatis redintegratio, n. 22.

63 Lettre apost. Dominicæ Cenæ (24 février 1980), n. 2: AAS 72 (1980), p. 115; La Documentation catholique 77 (1980), p. 301.

64 Décret Presbyterorum ordinis, n. 14.

65 Ibid., n. 13; cf. Code de Droit canonique, can. 904; Code des Canons des Églises orientales, can. 378.

66 Décret Presbyterorum ordinis, n. 6.

67 Cf. Rapport final, II, C, 1: L'Osservatore Romano, 10 décembre 1985, p. 7; La Documentation catholique 83 (1986), p. 39.

68 Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 26.

69 Nicolas Cabasilas, La vie en Christ, IV, n. 10: SCh, 355, p. 271.

70 S. Thérèse de Jésus, Le chemin de la perfection, ch. 37: Œuvres complètes, Paris (1948), p. 766.

71 Cf. Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux Évêques de l'Église catholique sur certains aspects de l'Église comprise comme communion Communionis notio (28 mai 1992), n. 4: AAS 85 (1993), pp. 839-840; La Documentation catholique 89 (1992), p. 730.

72 Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 14.

73 Homélies sur Isaïe 6, 3: PG 56, 139.

74 N. 1385; cf. Code de Droit canonique, can. 916; Code des Canons des Églises orientales, can. 711.

75 Discours aux membres de la Pénitencerie apostolique et aux Pénitenciers des Basiliques patriarcales de Rome (30 janvier 1982): AAS 73 (1981), p. 203; cf. Conc. œcum. de Trente, Sess. XIII, Décret sur la très sainte Eucharistie, ch. 7 et can. 11: DS, nn. 1647. 1661; La Foi catholique, nn. 742. 755.

76 Can. 915; cf. Code des Canons des Églises orientales, can. 712.

77 Const. dogm. Lumen gentium, n. 14.

78 S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, III, q. 73, a. 3.

79 Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lettre Communionis notio (28 mai 1992), n. 11: AAS 85 (1993), p. 844; La Documentation catholique 89 (1992), p. 731.

80 Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 23.

81 Lettre aux Smyrniotes, VIII: PG 5, 713 ; SCh n. 10, p. 139.

82 Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 23.

83 Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lettre Communionis notio (28 mai 1992), n. 14: AAS 85 (1993), p. 847; La Documentation catholique 89 (1992), p. 732.

84 Sermon 272: PL 38, 1247; Œuvres complètes de saint Augustin, Paris (1873), p. 399.

85 Ibid.,1248; Œuvres complètes de saint Augustin, l.c., p. 400.

86 Cf. nn. 31-51: AAS 90 (1998), pp. 731-746; La Documentation catholique, 95 (1998), pp. 666-672.

87 Cf. ibid., nn. 48-49: AAS 90 (1998), p. 744; La Documentation catholique, 95 (1998), p. 671.

88 N. 36: AAS 93 (2001), pp. 291-292; La Documentation catholique, 98 (2001), p. 81.

89 Cf. Décret Unitatis redintegratio, n. 1.

90 Cf. Const. dogm. Lumen gentium, n. 11.

91 «  Nous qui participons à l'unique pain et à l'unique coupe, fais que nous soyons unis les uns aux autres dans la communion de l'unique Esprit Saint  »: Anaphore de la Liturgie de saint Basile.

92 Cf. Code de Droit canonique, can. 908; Code des Canons des Églises orientales, can. 702; Conseil pont. pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens, Directoire pour l'œcuménisme (25 mars 1993), nn. 122-125, 129-131: AAS 85 (1993), pp. 1086-1089; La Documentation catholique, 90 (1993), pp. 630-631; Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lettre Ad exsequendam, 18 mai 2001: AAS (2001), p. 786; La Documentation catholique, 99 (2002), pp. 364-365.

93 «  La communicatio in sacris, si elle porte atteinte à l'unité de l'Église ou si elle implique une adhésion formelle à l'erreur ou un risque d'égarement dans la foi, de scandale ou d'indifférentisme, est interdite par la loi divine  »: Conc. œcum. Vat. II, Décret sur les Églises orientales catholiques Orientalium Ecclesiarum, n. 26.

94 N. 45: AAS 87 (1995), p. 948; La Documentation catholique, 92 (1995), p. 579.

95 Cf. Décret Orientalium Ecclesiarum, n. 27.

96 Cf. Code de Droit canonique, can. 844, §§ 3-4; Code des Canons des Églises orientales, can. 671, §§ 3-4.

97 N. 46: AAS 87 (1995), p. 948; La Documentation catholique, 92 (1995), pp. 580.

98 Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décret Unitatis redintegratio, n. 22.

99 Cf. Code de Droit canonique, can. 844; Code des Canons des Églises orientales, can. 671.

100 Cf. AAS 91 (1999), pp. 1155-1172: La Documentation catholique 96 (1999), pp. 451-458.

101 N. 22: AAS 92 (2000), p. 485; La Documentation catholique 96 (1999), p. 991.

102 Cf. n. 21: AAS 95 (2003), p. 20; La Documentation catholique 99 (2002), pp. 959-960.

103 N. 29: AAS 93 (2001) p. 285; La Documentation catholique 98 (2001), p. 78.

104 S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, III, q. 83, a. 4 c.