Rédigé par Super User le . Publié dans Réunion.

4ème Week-end francophone à Mulhouse au Rimlishof

22 et 23 Mai 2004

Porter la parole à deux voix

Introduction à 2 voix

1 - Paul Aymard  ( moine bénédictin )  : 3 mots

Parole : moyen de transmettre notre pensée sous différentes formes

Avec différentes nuances suivant des modes culturels, affectifs…

Tenir compte du moment de l''histoire. Certains langages n''ont plus de sens aujourd''hui.

  

Au niveau des confessions c''est la même notion qui intervient. Décalage dans le vocabulaire qui est alors une source de malentendu dans le dialogue interconfessionnel par exemple .

Porter

Alors comment se faire comprendre et porter la parole ?

Elle est toujours adressée à quelqu''un. Il faut donc une bienveillance avant d''ouvrir la bouche.. Mais la parole est aussi dans le regard ( il y a des regards qui tuent ) , parfois ils valent plus qu''une parole. L''évangile nous invite à poser un regard comme un enfant de Dieu.

En décelant à travers l''autre la présence de Dieu.

Voix

En général la parole que l''on porte est unique irremplaçable, .

La Bible apporte une Parole à travers une multitude de paroles. Les rédacteurs se contredisent parfois, et c''est à travers cette diversité que nous parvient la richesse de la Parole et de la Foi.

La Foi est le don du Saint Esprit, qui dépasse les langages humains. Chacun apporte la parole qu''il a compris et c''est un témoignage. Donc, beaucoup de diversité.

La Parole nous porte " Ta Parole est une lampe sur ma route ". Il faut se laisser imprégner par elle, " Parle Seigneur, ton serviteur écoute "  dit Samuel

Conclusion :

La Parole est unique , mais on en n''est pas propriétaire, elle est apportée par quelqu''un d''unique. Pour les FM il faut une communion entre les deux.

2 - Pasteur Michel Bertrand

Intro

Dans notre cheminement oecuménique, c''est toujours par elle qu''il faut commencer.

La Parole peut avoir , et être portée à 2 voix , oui, mais c''est insuffisant car elle risque de nous enfermer. Dans une 1ere partie : La pluralité est nécessaire et légitime , dans une 2éme partie pluralité et unité : nécessité des débats.

I -  Légitime et nécessaire pluralité.

- résister à la tentation identitaire, unitaire => des replis identitaires qui ne rassemblent que des semblables. On considère les différences comme nuisibles et regrettables..

- pluralité et différence : à travers les écritures la pluralité est mise au cœur même de la Parole. La polyphonie est l''essence même de la Parole biblique. différences de traduction, de méthodes d''approche. On ne tire pas les mêmes conséquences de ce qu''on lit.

Comme le dit avec humour Suzanne de Dietrich :  La bible nous unit tant que nous ne l''ouvrons pas !!!…

La pluralité de lecture est l''antidote du fondamentalisme. Quand on enferme la volonté de Dieu dans le texte, c''est un danger. Notre rapport au texte est donc de type interprétatif..

- cette pluralité pour porter la parole se fait de différentes manières : par l''action  (grande manifestations…), par l''engagement anonyme ou personnel…

- Les moyens pour porter la Parole s''enrichissent de différentes façons.

Vers qui apporter la parole ? : la famille, ceux en marge de nos communautés, ceux qui sont à l''extérieur etc…

- Mais est-ce que nous pouvons porter la Parole de la même manière à tout le monde ?

Le modèle de la rencontre, est une expérience pour porter la Parole : c''est tout à la fois un acte, une parole, une réciprocité. C''est accepter d''être transformés, changés. Mais sommes nous prêts à cela ?

II - Pluralité et Unité : 5 touches nous sont proposées

Pour nous FM, notre différence est confessionnelle. Mais la pluralité n''est-elle pas celle que nous portons déjà en chacun de nous ? N''est -elle pas aussi à l''intérieur de nos Eglises ?

- comment surmonter toutes ces différences ? Par la discussion, le cheminement du dialogue œcuménique, tout le labeur des théologiens.

- y-a-t-il  d''autres moyens d''aborder ces différences

Prenons l''exemple de la Cène et de l'' Eucharistie.

La différence est peut-être liée à la compréhension du ministère, mais n''est elle pas surtout liée à la place que chacun d''entre nous y met. Les catholiques y voient la source d''un enracinement dans la foi, un aboutissement. Les protestants un moyen donné aux croyants pour grandir dans la foi. L''absence d''hospitalité est une souffrance, mais la Cène et l''Eucharistie ne se situent pas à la même place : c''est de l''ordre de la hiérarchie des vérités.

- l''unité dans et par la diversité (Oscar Cullmann) : chaque communauté à reçu un don et un charisme particulier et pour qu''il fructifie, il faut qu''il soit mis au service de tous. Si le charisme ne sert pas à l''ensemble, il ne sert à rien. Il faut donc qu''il soit mis en discussion.

- l''importance du débat dans la rencontre : c''est un lieu ou chacun peut s''exprimer avec conviction et tolérance ( ce n''est pas une référence dominatrice mais une conviction au service ). Il ne peut y avoir d''unité que par la diversité, à condition de rendre compte avec courage et convictions de ses différences.

- l''unité est un don de Dieu que nous avons à accueillir. Nous ne pouvons porter la parole à 2 voix que si elle réside dans notre profond attachement au Christ. C''est en profondeur que les distances se raccourcissent…

Envoi

Conclusion par le pasteur Michel Bertrand

1- Constat :

- beaucoup de paroles partagées , de souffrances,  constat d''un certain recul dans l''œcuménisme. Beaucoup de choses sont à porter dans nos prières.

Mais reconnaissance et joie pour le chemin parcouru, sur tout ce qui se fait à la base.

- rôle des personnes : l''évangile passe par chacun d''entre nous, il est incarné. C''est le signe que notre chemin œcuménique ne se vit pas seulement au niveau des discours, mais par l''émotion, par le vécu de la rencontre.

- pluralité : c''est une richesse, un fait acquis, qui passe au sein de nos Églises. Il faut faire le deuil d''une Eglise unie , car elle n''a  jamais existé.

Faire son deuil d''un mythe qui nous aide à vivre, accepter les charismes particuliers.

Un couple ne peut pas vivre sans altérité, c''est ce qui fait vivre le couple et sa vie spirituelle.

- nos différences ne sont-elles pas devenues secondes et secondaires, dans un monde déchristianisé ?

Les urgences de notre monde rendent cette idée secondaire.

Les religions sont perçues dans le monde comme des facteurs de division d''intolérance.

- l''œcuménisme c''est la mission, il ne faut pas oublier l''ouverture aux autres religions,. L''inter - religieux fait également partie de notre horizon.

2 - questions :

Devant la lourdeur des institutions , il ne faudrait pas que les FM pensent que les Églises sont des vecteurs de frein.

Il faut mettre les mots sur les maux.

Il faut nommer les blocages. Où sont-ils ? Quels sont-ils ?

Plaidoyer pour  ne pas en rester à des généralités.

3 - Résister, transgresser.

- qu''est ce que des institutions ? Aujourd''hui, si l''idée des institutions est négative, elle a quand même pour but de vivre ensemble dans l''espace et le temps.

Quand les institutions s''effondrent il y a crise de la transmission : cela permet de s''inscrire dans une mémoire, une histoire.

Pourquoi les institutions ecclésiales, qui devraient nous permettre de vivre ensemble, ne répondent pas  de manière satisfaisante à cette exigence du vivre ensemble ?

Le lien entre Institutions et Églises, ne se fait pas de la même manière.

En Eglise :  par notre baptême nous devenons membre de l''Eglise. Donc l''institution c''est nous . Il faut que l''on se situe dans une situation d''habitation de ces institutions.

- Toutes les questions qui ont été débattues hier soir pour parler de l''association : doit -on exister en tant que couple ou en tant qu''individu, ne sont pas secondaires pour un mouvement de couples mixtes.

Qu''est ce que cela veut dire que d''être couple mixte ? On existe autrement à l''intérieur même du couple, chacun reste un individu. La réalité FM n''épuise pas notre identité.

- la vocation spécifique d''un mouvement comme le nôtre, c''est celle d''un porte-parole significatif qui fait avancer l''œcuménisme dans la reconnaissance mutuelle.

C''est reconnaître la pluralité dont chacun peut bénéficier comme une richesse.

Localement l''œcuménisme est reconnu à la base : chaque fois qu''on pose des signes , ça fait avancer l''œcuménisme.

- ne pas demander d''autorisation mais s''informer et communiquer. Comment être des chrétiens libres ? Comment faire pour que notre souci d''unité ne nous paralyse pas ?

Les Foyers Mixtes sont une caisse de raisonnance , c''est à dire qu''on fait entendre plus fort un certain nombre de débats qui sans nous ne pourraient être entendu.

4 - conclusion :

- ne pas perdre de vue l''évangélisation, porter la parole à ceux qui ne la connaissent  pas.

 Une Eglise qui n''est pas missionnaire est démissionnaire.

- porter la parole, vivre en Christ sera toujours une tâche difficile dans un monde qui n''est pas prêt à entendre la Parole.

Jésus livré , évangile transmis : c''est la même réalité, la parole est toujours fragile. On ne peut pas prétendre mettre la main sur la parole de Dieu. Nous ne sommes que des serviteurs de la Parole , mais l''essentiel et l''ultime ne nous appartiennent pas.

Notre vocation est de préparer un chemin, ouvrir un espace pour qu''un Autre vienne trouver sa place et y habiter.